Plus profondément le chagrin creusera votre être, plus vous pourrez contenir de joie.
La coupe qui contient votre vin n'est-elle pas la même coupe qui fut cuite dans le four du potier ?
Et le luth qui caresse votre âme, n'est-il pas le même bois qui fut évidé au couteau ?
Lorsque vous êtes joyeux, regardez profondément en votre cœur et vous trouverez que ce qui vous apporte de la joie n'est autre que ce qui vous a donné de la tristesse.
Lorsque vous êtes tristes, regardez à nouveau en votre cœur, et vous verrez qu'en vérité vous pleurez pour ce qui fut votre délice.
Il en est parmi vous qui disent: " La joie est plus grande que la tristesse " et d'autres disent: " Non, la tristesse est plus grande."
Mais , moi, je vous dis qu'elles sont inséparables.
Ensemble elles viennent, et quand l'une vient s'asseoir seule avec vous à votre table, rappelez-vous que l'autre dort sur votre lit.
En vérité, vous êtes suspendus comme une balance entre votre tristesse et votre joie.
Ce n'est que lorsque vos plateaux sont vides que vous êtes immobiles et en équilibre.
Lorsque le gardien du trésor vous soulèvera pour peser son or et son argent, il faudra que votre joie et votre tristesse s'élève ou s'abaisse.
extrait du livre de Khalil Gibran : " Le prophète "
Dans le grand balancier de l’existence, la joie et la tristesse ne sont pas des contraires, mais les reflets d’une même vérité intérieure. Ce que l’âme exulte dans l’instant lumineux, elle l’a d’abord forgé dans les creusets de la peine.
La tristesse creuse l’être, tel un sillon profond, et lorsque vient la joie, c’est dans ce sillon qu’elle s’engouffre, s’élève et rayonne. Ainsi, « le même puits d'où fuse votre rire fut souvent rempli de vos larmes. » Tout ce que nous avons perdu, souffert ou espéré, devient la matière première de nos émerveillements futurs.
Ne craignez pas la tristesse, elle est le burin du sculpteur, taillant la pierre brute de votre âme pour en faire un sanctuaire où la lumière pourra entrer. Ne vous attachez pas non plus à la joie éphémère, car elle ne fait que danser sur les vagues du temps. Accueillez chaque émotion comme une vague de l’océan divin, sachant que derrière le creux de l’une vient toujours le sommet de l’autre.
Celui qui sait pleurer pleinement saura aussi rire de tout son cœur. Celui qui refuse une part du spectre des émotions se prive de la plénitude de son être.
Ainsi, « bienheureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés », non par un apaisement extérieur, mais parce que leurs larmes auront creusé en eux l’espace où pourra éclore une joie plus vaste, plus vraie.
Alors, lorsque vous riez, souvenez-vous du puits de vos larmes. Et lorsque vous pleurez, souvenez-vous que l’eau la plus claire jaillit souvent des sources les plus profondes.
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