L' appel à servir

Beaucoup d'aspirants animés des meilleures intentions sont enclins à consacrer trop de temps à l'enregistrement de leurs aspirations et à la formulation de leurs plans de service. L'aspiration du monde est aujourd'hui si forte et l'humanité est si puissamment orientée vers le Sentier, que les personnes sensibles, partout, sont entraînées dans un tourbillon de désir spirituel et désirent ardemment une vie de libération, d'entreprises spirituelles et de conscience de l'âme.

La connaissance de leurs possibilités latentes est si grande qu'ils en arrivent à se surestimer. Ces individus consacrent beaucoup de temps à s'imaginer comme mystiques idéals ou à déplorer le manque de dons spirituels, ou leur échec dans la recherche d'un domaine déterminé de service. Ils se perdent ainsi dans le domaine vague et nébuleux d'un bel idéalisme, d'hypothèses pittoresques et de charmantes théories.
D'autre part, ils s'attardent dans une dramatisation d'eux-mêmes, s'imaginant être des centres de pouvoir dans un domaine de service fructueux. Ils font mentalement de magnifiques projets de travail mondial où ils jouent eux-mêmes le rôle de pivot autour duquel ce service se meut. Ils font fréquemment des efforts pour matérialiser ces plans, pour fonder une organisation sur le plan physique qui, potentiellement, a une certaine valeur, mais qui tout aussi potentiellement est inutile, sinon dangereuse. Ils n'arrivent pas à se rendre compte que l'impulsion première est due à ce que les maîtres de l'Inde appellent l'égocentrisme et que leur activité est fondée sur un égoïsme subjectif qui peut et doit être éliminé avant qu'un véritable service ne puisse être rendu.

Cette tendance à l'aspiration et au service est bonne et juste ; elle doit être considérée comme partie intégrante de la conscience universelle future et de l'équipement de la race humaine dans son ensemble. Elle apparaît de plus en plus à cause de la force croissante de l'influence du Verseau qui, dès 1640, augmente de pouvoir et produit deux effets :
elle détruit les vieilles formes cristallisées de l'ère des Poissons et elle stimule les facultés créatrices qui s'expriment en concepts de groupe et en plans de groupe.
Comme vous le savez, c'est la cause des conditions de conflit et de troubles qui peuvent être résumées comme suit :
dépersonnalisation, l'Etat, le groupe et les groupes sont considérés comme plus importants que l'individu et ses droits ;
amalgame, tendance à fondre, à unir, à joindre et à produire les rapports réciproques qui finiront par caractériser les relations humaines et feront la synthèse de tous les individus, dont Browning a dit si justement qu'elle est le but du processus évolutif et qu'elle marque la fin du
voyage de l'Enfant prodigue divin ;
intercommunication
sensible entre les unités, les groupes et l'union de groupes, tant du côté subjectif que du côté objectif de la manifestation.

Dans ces trois mots: dépersonnalisation, amalgame, intercommunication – se trouvent résumés les principaux phénomènes que l'on observe aujourd'hui dans le monde. Il est recommandé aux aspirants de prendre en considération le Plan dans cette forme d'expression et d'étudier ces tendances toujours plus apparentes dans les affaires du monde. Le fait qu'elles sont si importantes ressortira si l'étudiant veut bien avoir une vue panoramique de cette période historique. Il remarquera que l'histoire, même il y a cinq cents ans, lui révèle qu'à l'époque les individus éminents étaient le facteur dominant et qu'elle raconte surtout les actions de personnalités puissantes qui ont influencé leur temps et leurs contemporains. L'isolement et la séparation gouvernaient alors les affaires humaines; chacun luttait pour son pays, chacun, oubliant son frère, vivait dans l'égoïsme. Les relations entre populations diverses étaient peu importantes. Dans la famille humaine, il n'existait pas de moyens de communication entre un pays et l'autre, sauf le contact personnel qui était souvent impossible.
Les étudiants devraient réfléchir aux trois termes ci-dessus qui acquerront toujours plus d'importance au cours des prochaines cinquante années. C'est une période qui peut être considérée comme suffisante pour que les étudiants préparent de nouveaux plans.

La reconnaissance de cette phase de l'élaboration du Dessein divin doit être accompagnée de l'étude de leur expression de vie individuelle ; ils devraient se poser les questions suivantes :
1. Est-ce que je perds mon temps en rêves mystiques ou est-ce que j'applique les vérités spirituelles que je perçois, les introduisant dans mon expérience quotidienne ?
2. Ma réaction à la croissante impersonnalité de l'époque est-elle de ressentiment ou cette attitude relativement nouvelle m'aide-t-elle à résoudre mes problèmes personnels ?
3. Puis-je enregistrer une capacité plus grande d'être sensible aux pensées et aux idées d'autrui et, par conséquent, plus apte à entrer dans la grande vague d'intercommunication ?
4. Quel rôle joue la tendance à dramatiser les événements dans ma vie quotidienne ?
5. Est-ce que je me sens le centre de l'univers qui tourne autour de moi ou est-ce que je travaille à me décentrer et à m'absorber dans le tout ?
Ces questions et d'autres encore qui en découleront peuvent servir à indiquer la mesure dans laquelle l'étudiant répond ou réagit à l'avènement de la Nouvelle Ere.

Ceux qui guident la famille humaine ne se préoccupent pas outre mesure du succès des conditions qui se dessinent actuellement ; ce succès est certain. Rien ne peut arrêter la croissance de la réalisation humaine et de la conscience spirituelle de la non-séparation.
Le problème consiste à trouver quels sont les moyens qu'il faut employer pour arriver aux buts désirés, de manière à ce que la forme puisse être préparée à faire face à de nouvelles responsabilités et user de nouvelles connaissances sans souffrances inutiles, sans les heures d'angoisse qui attirent davantage l'attention que la croissance plus subtile et plus lente de la conscience divine.
Chaque fois qu'il y a tendance à la synthèse et à la compréhension, chaque fois le plus petit se fond dans le plus grand et l'unité se fond dans le tout. Chaque fois que des concepts universels exercent leur influence sur le mental des masses, un désastre ou un cataclysme s'ensuit, la forme se désagrège et se détruit tout ce qui pourrait empêcher ces concepts de devenir une réalité sur le plan physique.
Tel est donc le problème des membres de la Hiérarchie : comment éviter la souffrance redoutée et conduire l'homme sur la marée montante de la réalisation spirituelle qui envahit le monde et accomplit le travail nécessaire.
Aussi l'appel au service sonne-t-il aux oreilles de tous les disciples attentifs.
Cet appel à servir évoque généralement une réponse, mais celle-ci est colorée par la personnalité de l'aspirant, par son orgueil et son ambition.
Le besoin est vraiment senti;
le désir d'y répondre est sincère;
la tendance à servir et à aider est réelle.
L'aspirant fait les efforts nécessaires pour s'intégrer au Plan. La difficulté que nous rencontrons du côté intérieur est que, sans mettre en doute la bonne volonté et le désir de servir, nous avons
affaire à des caractères et des tempéraments tels, qu'ils présentent des difficultés presque insurmontables. Nous devons travailler avec de tels aspirants et la matière qu'ils nous offrent nous cause souvent des ennuis.
Les caractéristiques négatives latentes ne se manifestent qu'après le début du service. Les Guides peuvent en soupçonner la présence, mais ils n'ont pas le droit de refuser une opportunité. Le drame est que beaucoup d'autres ont à en souffrir et non seulement l'aspirant en question. Lorsque l'aspirant réussit à sortir de l'idéalisme vague, des projets et des belles phrases, il attire à lui beaucoup d'idéalistes sincères qui l'entourent. Quand les faiblesses cachées se manifestent, ils en souffrent autant que lui.

La méthode des Grands Etres qui est celle de chercher ceux qui se sont habitués à répondre avec sensibilité, pour travailler avec eux, comporte certains dangers. L'aspirant plein de bonnes intentions court moins de dangers que le disciple plus évolué et plus actif. Les dangers le menacent dans trois directions et il est exposé à trois espèces de dangers :
1. Il est soumis à une trop forte stimulation à cause de ses expériences intérieures et des forces spirituelles avec lesquelles il prend contact. C'est un danger sérieux, car il sait à peine comment
se comporter et il ne se doute pas du risque qu'il court.
2. Les gens avec qui il travaille lui posent, à leur tour, un problème. Leur avidité, leur adulation et leurs louanges, leurs critiques aussi, tendent à assombrir sa voie. Insuffisamment détaché et avancé spirituellement, il travaille au milieu d'un nuage de formes-pensées et il ne s'en rend pas compte. Il perd ainsi son chemin et s'écarte de son intention première, aussi sans s'en rendre compte.
3. Ses faiblesses latentes doivent apparaître sous la pression du travail et il manifeste parfois des signes de dépression, si je puis m'exprimer ainsi. Les défauts de la personnalité s'affirment alors qu'il essaie d'apporter sa forme particulière de service au monde.
Je me réfère au service qu'il a choisi spontanément, basé sur un fond d'ambition personnelle et d'amour de pouvoir, même si ce n'est que partiellement conscient. Soumis à une continuelle pression – comme un homme qui porte un lourd fardeau en montant sur une colline – il découvre des points de tension et manifeste la tendance à céder physiquement ou à abaisser son idéal pour l'adapter à sa faiblesse.
A tout cela, il faut ajouter la tension inhérente à la période actuelle et la condition générale de l'humanité malheureuse. Cet effet s'exerce sur le subconscient des disciples et de ceux qui travaillent aujourd'hui dans le monde.
  • Certains montrent des signes de trop haute tension physique, même si leur vie intérieure demeure sereine et normale, saine et bien orientée.
  • D'autres donnent des signes de dépression émotive, ce qui produit deux effets selon le degré de développement atteint par l'aspirant dans le service. Il peut ainsi apprendre le détachement, cela très curieusement, par ce qui est appelé le "mécanisme de défense" de l'âme en cette époque ; ou alors l'état de nervosité s'accentue et il devient un névrosé.
  • D'autres encore ressentent cette tension dans le corps mental ; dans certains cas, il y a dans leur mental un tel état de confusion qu'ils ne discernent plus la vérité. Ils travaillent alors sans inspiration, seulement parce qu'ils savent que c'est juste et bien de continuer ce qui est commencé et qu'ils ont acquis le rythme du travail.
  • D'autres saisissent l'occasion qui se présente et ainsi retombent dans l'affirmation de soi (défaut du type mental) et ils construisent autour de leur service une forme qui a en soi ce qu'ils désirent, ce qu'ils croient juste, mais qui est séparative, engendrée par leur mental et non par leur âme.
  • D'autres encore, plus puissants et mieux coordonnés, subissent l'influence de leur personnalité tout entière ; la nature psychique versatile répond au besoin et à la théorie du plan ; ils connaissent leurs qualités précieuses et savent qu'ils ont quelque chose à donner. Néanmoins leur personnalité est encore si forte que leur service est graduellement amené au niveau de cette personnalité, coloré par conséquent par leurs réactions personnelles, leurs sympathies et leurs antipathies, leurs tendances et leurs habitudes. Ces aspirants finissent par s'affirmer. Nous avons alors un travailleur dont le travail est bon, mais gâté par la séparativité dont il ne se rend pas compte et par ses méthodes personnelles. Il réunit autour de lui ceux qu'il peut subordonner et gouverner. Son groupe n'est pas coloré par l'impulsion de la nouvelle ère, mais par les instincts séparateurs de celui qui en est le centre. Ce danger est si subtil qu'il demande du travailleur une analyse de soi-même très soignée. Il est très facile d'être aveuglé par la beauté de ses propres idéals et de sa vision, par la prétendue rectitude de sa propre position et cependant être influencé subjectivement par l'amour du pouvoir personnel, par l'ambition personnelle, la jalousie d'autres travailleurs et par les nombreuses chausse-trapes qui arrêtent le progrès des disciples imprudents.
Mais si la vraie impersonnalité est cultivée, si la capacité de demeurer constant, si chaque situation est envisagée dans un esprit de charité et si l'on se refuse à agir hâtivement et à permettre à la séparation de s'introduire dans le service, alors un groupe de vrais serviteurs se formera et ceux qui peuvent matérialiser le plan et faire naître l'ère nouvelle et ses merveilles se réuniront.
Pour ce faire, il faut un courage de la plus rare espèce. La peur tient le monde sous son pouvoir et personne n'échappe à son influence. Pour l'aspirant et pour le disciple, il y a deux sortes de peur qui demandent d'être examinées particulièrement. Les peurs dont nous venons de parler et les peurs inhérentes, comme vous le savez, à l'existence même, nous sont familières. Elles ont leurs racines dans la nature instinctive :
  • peur dans le domaine économique,
  • peur qui vient de la vie sexuelle,
  • peur physique,
  • peur de l'inconnu, spécialement de la mort, et qui influence tant de vies.
Elles ont fait l'objet de beaucoup de recherches psychologiques. Je ne m'en occuperai pas ici. Elles doivent être vaincues par la vie de l'âme qui, peu à peu, transforme la vie quotidienne, et par le refus de l'aspirant de leur accorder son attention.

La première méthode construit la force de caractère et empêche que s'imposent de nouvelles peurs ; celles-ci ne peuvent exister si l'âme gouverne la vie et les circonstances.
La deuxième rend négatives les anciennes formes-pensées faute d'être alimentées.
Deux processus ont donc lieu qui produisent la manifestation des qualités de l'homme spirituel et la libération de l'esclavage des anciennes peurs. L'étudiant s'aperçoit qu'il se détache des instincts primordiaux qui ont servi jusqu'ici à l'insérer dans le plan général de la vie élémentaire de la planète. Il serait utile ici d'indiquer les principaux instincts qui ont leur racine dans cette qualité particulière de la vie planétaire, décrite comme réaction de peur qui détermine une activité quelconque. Vous savez que les psychologues indiquent cinq instincts dominants dont nous voulons parler brièvement.
  • L'instinct de conservation a sa racine dans la peur innée de la mort. Cette peur a poussé l'humanité jusqu'au point actuel de résistance et de longévité. Les sciences qui s'occupent de la conservation de la vie, les connaissances au point de vue médical actuel et les progrès quant au confort de la vie civilisée proviennent de cette peur originelle. Tout tend à conserver, à l'individu, sa condition d'existence. La persistance de l'humanité, comme race et comme règne de la nature, est due à la peur de mourir et à la réaction instinctive à l'égard de la perpétuité de la race humaine.
  • L'instinct sexuel a sa racine dans la peur de l'isolement et de la séparation, dans la révolte contre la condition d'unité séparée sur le plan physique et contre la solitude. Il a comme résultat la perpétuité de la race humaine, sa persistance et la reproduction de formes par lesquelles elle parvient à la manifestation.
  • L'instinct grégaire a la même origine ; le sentiment de sécurité, d'une sécurité sûre, basée sur l'agglomération d'individus, de peuples, a toujours poussé les hommes les uns vers les autres pour s'unir, pour se défendre et pour s'assurer une certaine stabilité économique. Notre civilisation moderne est le résultat de cette réaction instinctive. De vastes centres urbains sont apparus où se pressent les masses, image du troupeau moderne poussé à sa dernière extrémité.
  • L'instinct d'auto-affirmation est aussi basé sur la peur, peur qu'a l'individu de ne pas être reconnu pour ce qu'il est, de perdre la considération à laquelle il aurait droit. Avec le temps, l'égoïsme de la famille humaine s'est tellement développé, de même que le désir d'acquérir et la volonté de pouvoir, sous une forme ou sous une autre, que nous avons aujourd'hui l'intense individualisme et le sens de sa propre importance qui ont conduit à beaucoup des problèmes nationaux et économiques actuels. Nous avons encouragé le sentiment d'indépendance, l'auto-affirmation, les intérêts égoïstes à un point tel que nous avons créé un problème quasi insurmontable. Pourtant, beaucoup de bien est résulté de tout cela et il en résultera encore, car aucun individu n'a de valeur tant qu'il n'en est pas conscient et s'il ne sacrifie pas les valeurs acquises au bien de la collectivité.
  • L'instinct de recherche est aussi basé sur la peur de l'inconnu. De cette peur sont issus, comme résultat de siècles de recherche, nos systèmes éducatif et culturel et toute la structure du patrimoine scientifique. Ces tendances, basées sur la peur, ont agi en tant que stimuli très forts – puisque l'homme est divin – sur toute sa nature. Elles l'ont amené au point présent de connaissance et d'utilité. Elles ont produit notre civilisation moderne avec tous ses défauts et pourtant avec le signe de sa divinité.
De ces instincts, par le processus de leur sublimation et de leur transmutation en des correspondances supérieures, émergera la pleine floraison de l'âme.

Je désire ajouter les indications suivantes :
  • L'instinct de conservation trouvera sa consommation alors qu'on arrive à l'assurance de l'immortalité ; pour y arriver, le travail entrepris par les spiritualistes et les chercheurs dans le domaine psychique, à travers les siècles, est la meilleure méthode et la meilleure garantie.
  • L'instinct sexuel trouve son achèvement logique dans la relation consciente entre l'âme et le corps. C'est la note fondamentale du mysticisme et de la religion qui sont, comme toujours, l'expression de la loi d'Attraction, non pas exprimée sur le plan physique par le mariage, mais consommée dans le mariage sublime conclu avec intention consciente entre l'âme positive et la forme négative réceptive.
  • L'instinct grégaire trouve sa consommation divine dans l'éveil de la conscience de groupe qui se manifeste, aujourd'hui, par la tendance générale vers la fusion et l'alliance qui se remarque partout. Cet instinct s'affirme dans la capacité de penser en termes d'internationalisme, de concepts universels, qui conduiront à la fraternité universelle.
  • L'instinct d'auto-affirmation a donné à notre civilisation son intense individualisme, le culte de la personnalité et le culte des ancêtres et des héros. Il conduit, toutefois, à l'affirmation du vrai Soi, du divin Maître intérieur, à l'étude de notre science la plus récente, la psychologie, qui aidera à parvenir à la connaissance du Soi spirituel et conduira finalement à la manifestation du royaume des âmes sur la terre.
  • L'instinct de recherche: Transmué en investigation des choses divines par l'application de la lumière de l'âme à la recherche, il conduira l'homme dans le Temple de la Connaissance. Nos grands centres éducatifs deviendront des écoles pour le développement de la perception intuitive et de la conscience spirituelle.
Ainsi les peurs qui tourmentent l'humanité, ayant leurs racines dans l'instinct, sont néanmoins des caractéristiques divines mal employées. Toutefois, quand elles seront bien comprises et bien utilisées, transmuées par l'âme qui sait, elles produiront l'éveil de l'âme endormie et seront la source de la croissance et du développement, dans le temps et l'espace, et donneront l'impulsion nécessaire vers le progrès qui a conduit l'homme de la caverne du cycle préhistorique, à travers une longue période, à l'état actuel, et qui le poussera encore plus en avant, toujours plus rapidement, grâce à la compréhension intellectuelle qui lui permet de résoudre le problème d'accès à une conscience pleinement éveillée.

Il faut que les aspirants se rendent mieux compte que tout le processus évolutif est divin, que le prétendu mal n'est qu'une illusion inhérente à la dualité qui cédera le pas, avec le temps et hors du temps, à l'unité divine.
Le mal est dû à une fausse perception et à une interprétation inexacte de ce qui est perçu. La vraie vision et la juste compréhension produisent la libération des réactions instinctives et portent au détachement intérieur qui permet à l'homme d'entrer librement dans le royaume de
Dieu.

Qu'en est-il des deux peurs qui concernent particulièrement l'aspirant ?
  • La peur de l'opinion publique
  • la peur de l'échec.
Ce sont deux facteurs puissants dans la vie de service et de sérieux empêchements pour beaucoup d'aspirants.
Ceux qui commencent à coopérer au plan et qui apprennent l'importance du service sont enclins à craindre que leur oeuvre puisse être critiquée et mal jugée ou qu'elle ne soit pas appréciée et comprise. Ils mesurent le succès par le nombre de personnes qui se groupent autour d'eux et par la réponse ou réaction suscitée. Ils n'aiment pas que leurs mobiles soient discutés ou mal jugés ; ils réagissent aux critiques donnant force explications et justifications. Ils se sentent malheureux si leurs méthodes, les membres de leur groupe et leur mode de service sont objets d'attaques. Les faux objectifs de nombre, de pouvoir et de doctrine formulée les dominent complètement. Ils changent fréquemment leurs plans, leurs points de vue, et abaissent leur niveau idéal au point de le conformer à la psychologie de ceux qui les entourent ou les conseillent.

Le vrai disciple a la vision.
Il cherche à garder un contact si étroit avec son âme qu'il fait de son mieux pour faire de sa vision une réalité. Son but est de parvenir à ce qui semble impossible du point de vue du monde,
sachant bien que la vision ne peut se matérialiser par des expédients ou par une adaptation indésirable des idées suggérées par des conseillers dont les principes sont personnels. L'opinion publique et les avis de ceux qui ont encore les tendances de l'ère des Poissons, et non de celles du
Verseau, sont pesés avec soin mais sans y attacher trop d'importance et, s'ils sont trouvés séparateurs, tendant à troubler l'harmonie, la fraternité et la compréhension, ils sont aussitôt écartés.
S'il existe une attitude hostile à l'égard d'autres travailleurs dans le domaine du service mondial et s'il se manifeste une tendance à ne voir qu'égoïsme et erreurs, à attribuer des motifs injustes et à croire au mal, l'aspirant refuse de se laisser influencer et il continue sereinement son chemin.
Je vous assure que, dans le prochain cycle, le véritable travail se poursuivra : amener le monde à la synthèse et à la fraternité des âmes, à l'aide de ceux qui refusent la séparation, qui surveillent leurs paroles afin de ne pas dire de mal ; qui voient le divin en tout, qui travaillent les lèvres
scellées, ne s'occupant pas des affaires de leurs frères ni ne révélant ce qui les concerne. Leur vie est colorée par la compréhension et l'amour ; leur mental est caractérisé par la perception spirituelle entraînée et par la conscience spirituelle qui fait usage de l'intellect comme corollaire à un esprit d'amour.

Permettez-moi de revenir sur ce sujet en d'autres termes, car il est de grande importance et parce que l'effet de la tâche accomplie par ces instruments sur le monde est immense. Ces hommes et ces femmes dont la mission est d'inaugurer la nouvelle ère ont appris le secret du silence. Ils sont animés de l'esprit de charité universelle et de protection. Ils ne critiquent ni ne condamnent personne. A eux sera confié le travail d'alimenter la vie de la Nouvelle Ere.

A ceux qui n'ont pas encore atteint ce degré d'évolution et dont la vision n'est pas aussi claire et la nature pas aussi disciplinée, il reste la tâche importante, à un niveau inférieur, de travailler avec leurs semblables. Leurs qualités attirent vers eux ceux qui leur ressemblent ; ils ne travaillent pas dans la solitude, mais avec d'autres et avec succès.
Il faut se souvenir que tout travail, aux yeux des Grands Etres, est d'égale importance. Pour les âmes qui se trouvent au point où le travail au foyer ou au bureau offre une expérience suffisante, c'est l'effort maximum. C'est, à leur niveau, l'accomplissement comparable à celui d'un Christ ou d'un Napoléon.
Ne l'oubliez pas et cherchez à voir la vie telle qu'elle est et non avec des distinctions dangereuses. Un disciple qui n'a pas encore la pleine vision et qui apprend l'abc d'une activité publique peut faire autant (à son niveau), et malgré les insuccès et les erreurs, qu'un disciple plus ancien dont la connaissance et l'expérience sont plus grandes.

Le Tibétain, Djwal Khul

Traité sur la Magie Blanche, A A Bailey

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