Saint-Germain

Saint-Germain

À l’humanité (France 1972)
Je suis le comte de Saint-Germain et je traverse le temps et l’histoire pour apporter mon message aux hommes. Mon histoire est incroyable et pourtant elle est vraie. Des amis m’ont demandé de l’enregistrer afin que tout le monde connaisse la mission que je dois accomplir en France, en cette année 1972. Je ne cherche pas à vous convaincre. J’accomplis simplement ce que des forces mystérieuses pour vous me poussent à faire.
Nous sommes douze de par le monde venus du fond des temps. Dans quelques semaines, mon Maître par le savoir, Nicolas Flamel, viendra me rejoindre.
Maintenant écoutez... voici mon histoire.
Certains ont dit de moi que j’étais immortel. C’est vrai et c’est faux. Par rapport à vous, oui, je suis immortel; pourtant, comme vous, je suis mortel. J’ai eu un commencement et j’aurai une fin. Je suis né et je mourrai. Mais le temps qui m’est donné est très grand. Il correspond à plusieurs milliers d’années. Il est tout de même un temps qui m’est imparti comme vous en avez un vous-même. Vous comptez les années par dizaines et moi par milliers. La différence est là.
Je suis un grand initié. Aujourd’hui, je dépends de quatre personnes avec lesquelles je suis en communication durant certaines périodes. Pour ceux qui connaissent cet ordre d’idées, je suis un alchimiste, ou plus exactement, un archimiste. L’alchimie est la transmutation des métaux à l’aide de la pierre philosophale. L'archimie est également la transmutation des métaux, mais sans l’emploi de la pierre. Je dispose d’un produit qui me permet de traverser le temps. Je peux ainsi me présenter à vous, vous parler au même titre que je l’ai fait il y a quatre ou cinq siècles, sous le nom que je porte encore aujourd’hui: Comte de Saint-Germain.
Ces mois derniers, à plusieurs reprises, j’ai fait publiquement la preuve de mon pouvoir. Je détiens ce que les hommes appellent la pierre philosophale et que je nomme, moi, poudre de projection. J’ai, sous leurs yeux incrédules, réalisé le vieux rêve humain: la transmutation du plomb en or. Je ne cherche pas à vous convaincre. Écoutez seulement.
Je suis né un jour... oui... il y a 17000 ans environ. Je viens de ce que les hommes appellent l’Atlantide. L’Atlantide était une île grande comme un continent, située à peu près à l’endroit où se trouve l’océan Atlantique. Les grands prêtres de l’Égypte discourront avec selon l’estimé aussi vaste que l’Asie mineure et la Libye réunies.
Au centre s’ouvrait une plaine immense où était édifiée la capitale: Hélion. Hélion était une ville magnifique, aux palais et aux temples faits de roches blondes, noires ou rouges, extraites du flanc des montagnes et traitées artificiellement afin de résister au temps. C’est là qu’habitaient mes parents. Ils n’avaient pas la même structure que la vôtre: leur taille était environ deux fois plus grande. Les habitants d’Hélion savaient depuis longtemps que le satellite naturel de la terre allait provoquer le cataclysme le plus épouvantable qui anéantirait l’Atlantide. Ce satellite est remplacé aujourd’hui par la lune, beaucoup plus petite. Les derniers habitants d’Hélion s’enfuirent donc dans des appareils en direction de Mars. Mes parents étaient de ce voyage. Arrivés sur Mars, ils construisirent une base qu’ils appelèrent également Hélion, en souvenir de leur ville terrestre. Je n’étais pas encore né, mais je puis vous dire que je suis retourné sur Mars et qu’Hélion existe toujours. Dans quelques temps d’ailleurs nous retrouverons les vestiges de cette base. Mes parents revinrent plus tard sur notre planète avec les mêmes appareils. C’est alors que je naquis, comme je vous l’ai dit, il y a 17,000 ans.
Les explications que je viens de vous donner me permettent de vous affirmer une chose: les appareils extra-terrestres n’existent pas. Les soucoupes volantes, comme on les appelle, ne proviennent ni d’une autre planète ni d’une autre galaxie. Ce sont des appareils terrestres qui ont émigré vers Mars et qui sont revenus sur la terre. Ce sont vos appareils.
Je suis arrivé dans votre pays, la France, en 1758. Il y a 214 années. Je venais d’Angleterre, en passant par l’Allemagne. En Angleterre, j’avais été accusé d’espionnage et mis en résidence surveillée dans mon appartement. Le roi Georges II pensait que j’avais des rapports avec Charles Édouard, fils du prétendant au trône, son rival. On avait trouvé une lettre qui me compromettait. Je voulus voir le roi; on me le refusa. Mais le Duc de Neskas dût bien reconnaître mon innocence. J’étais fort connu dans la haute société anglaise; j’étais un compositeur de musique apprécié et mes oeuvres étaient publiées chez Monsieur Vals, éditeur dans Katherin street. Je chantais, je jouais du violon avec talent et mes amis se plaisaient à le reconnaître. Si j’agite cet épisode de ma vie, c’est qu’il m’a permis de lier amitié avec le maréchal de Belle-Isle, également prisonnier, qui devait jouer un grand rôle plus tard. Je quittai donc l’Angleterre pour la Germanie où je poursuivis des recherches sur la chimie des colorants, car j’avais ma terre outre-Rhin, pays du grand quartier général des Rose-Croix, terre symbolique, germes de roses et de lys, où les fleurs poussent perpétuellement dans les jardins philosophiques dont aucun intrus ne possède la clef.
En 1758 donc, j’arrivai dans la capitale française. Mon ami, le maréchal de Belle-Isle, m’offrit l’hospitalité. Il m’introduisit bientôt dans les salons de la duchesse de Choiseul à Versailles en disant que je possédais des secrets sur la fabrication des pierres précieuses. Là, monsieur de Marigny me présenta à sa soeur, la marquise de Pompadour. Je lui fis, ma foi, une très forte impression. Une sorte de légende m’enveloppait déjà. Quoique flatteuse, elle était pourtant fort en-dessous de la réalité. On disait que je possédais une fortune fabuleuse, que j’avais le pouvoir d’augmenter l’eau et le poids des pierres précieuses, que je savais les secrets des teintures sur étoffes, que je possédais un produit qui donnait l’éternelle jeunesse.
Le cardinal de Rouen, un jour, interrogea Roger, mon valet: "J’ai peine à croire que votre maître ait connu le Christ." Celui-ci lui répondit simplement: "Je ne pourrais l’affirmer. Je ne suis au service de monsieur le Comte que depuis 400 ans seulement."
Certains affirmaient que j’étais âgé de plus de 60 ans. Et pourtant je n’en paraissais pas 40. On citait à ce propos monsieur Morin, secrétaire de l’allégation danoise, qui prétendait que je n’avais pas vieilli d’un jour, en l’espace de 25 ans. Bref tout ce bruit, grâce aux bons soins de madame de Pompadour, parvint jusqu’aux oreilles du roi Louis XV. J’avais, disait-on, de plus belles boucles de jarretières que lui. Et c’était vrai. Il voulut me connaître.
Mon premier entretien avec le roi dura deux heures d’horloge. Il fut déterminant. Le roi n’était pas convaincu. Il me remit une pièce d’argent et, devant lui, je la transmutais en une pièce d’or. À partir de ce jour, le roi me considéra comme son ami. Il me voyais régulièrement.
Un jour, il me demanda d’éclaircir une énigme qui le passionnait et sur laquelle buttait toute la police du royaume. La voici: Maître Dumas, ancien procureur du Châtelet, avait, à 88 ans, amassé une fortune considérable dont on ignorait l’origine. On le soupçonnait de magie. On disait que tous les vendredis à trois heures, un homme monté sur une mule noire venait le voir et que cet homme était le diable en personne. Un jour, maître Dumas disparu du grenier où il s’enfermait. Et depuis, nul ne l’avait revu, pas plus que l’on avait retrouvé son corps. Le roi me demanda s’il m’était possible, là dans son cabinet, de lui dire si je savais où maître Dumas se trouvait présentement, s’il était vivant ou bien s’il était mort. Je me fis apporter une coupelle ayant appartenu au disparu. Je la mis sur mon front et il n’y eu plus le moindre mystère pour moi. Maître Dumas s’était suicidé. Je le voyais, sous le parquet de son grenier se cachait un escalier secret. Cet escalier aboutissait à une salle souterraine encombrée de cornues et d’éprouvettes: son laboratoire. Son squelette gisait au milieu des éclats de verre. C’est là que le vieil homme, qui se croyait alchimiste, s’était donné la mort. Je demandai que l’on envoya immédiatement un homme sur les lieux muni de mes instructions précises, afin qu’il puisse découvrir l’escalier secret. Le roi dépêcha un messager. Lorsque celui-ci revint, il confirma. J’avais vu juste. En suivant mes instructions, on avait découvert l’escalier et le laboratoire. Le corps de maître Dumas était allongé, comme je l’avais vu à distance, au milieu des éclats de verre. "C’était donc bien le diable qui venait le voir?" me demanda Louis XV. Je lui répondis:
"Que votre majesté se fasse Rose-Croix et je soulèverai le dernier voile du mystère." C’était beaucoup d’audace. Le roi refusait les Rose-Croix et même les princes franc-maçons. Il dût cependant convenir que j’avais raison. Et l’amitié qu’il me portait s’en trouva renforcé.
Des liens étroits et, j’ose dire, plus qu’amicaux me liaient à madame de Pompadour qui, dois je le rappeler, était honorée des faveurs royales.
Par ailleurs, mes longs entretiens en tête à tête avec le roi avaient fait de moi un personnage dont à la fois on recherchait le commerce et que l’on redoutait. Il n’était plus question que de moi dans les conversations à la cour et comme vous devez le penser, j’étais devenu l’homme le plus jalousé. Chez les femmes, un bruit courait, insistant et qui, je dois le dire, n’était pas dénué de fondement. Je connaissais, disaient-elles, le secret des fards. Je savais calculer les produits de beauté qui leur conservaient un teint clair, fort à la mode à cette époque. Et ces produits les maintenaient en état de jeunesse durant de très nombreuses années. Inutile de dire que ces bruits me valaient d’être entouré de toutes les femmes dès que j’entrais dans un salon. C’était à qui essaierait de se faire remarquer, à qui obtiendrait de moi un de ces élixirs de jouvence dont on rêvait. Mais je me gardais bien de satisfaire à ces demandes intéressées. Je me contentais de jouir de ces présences féminines dont j’ai toujours eu besoin tout au long de mon existence.
À madame de Pompadour seule, et par 3 fois, je remis des ampoules d’eau distillée dans laquelle j’avais conservé mon produit. C’est ainsi que je pus la maintenir dans cet état de jeunesse qu’elle garda jusqu’au jour de sa mort.
Mes occupations ne m’empêchaient point de poursuivre mes recherches. Monsieur de Marigny m’avait donné son château de la Beauce qui me servait de laboratoire. Ce château n’était d’ailleurs pour moi qu’un relais entre le monde et le temps. Je m’y employais néanmoins à des expériences sur les animaux et sur les insectes. C’est ainsi que je parvins à obtenir à cette époque un hanneton d'un poids de 17kg. En même temps, le roi, à qui j’avais fait cadeau d’un merveilleux diamant de 141 carats, le régent, me confiait ses pierres précieuses tachées afin que je fasse disparaître leurs tares qui diminuaient leur valeur. Je les lui rendait de la plus belle eau et considérablement grossies. C’est ainsi que je contribuais au sauvetage des finances du pays. La jalousie tissait des intrigues autour de moi. C’est une maladie des hommes que je connaissais bien. Aussi, je sentais venir le moment où il me faudrait quitter la France. C’est dans ces conditions que j’acceptai, en 1760, de me rendre à Amsterdam comme agent secret du roi. À la vérité, j’avais moi-même suggéré cette mission pour couvrir mon départ et je n’avais nulle intention de revenir. Il me fallait surtout me rendre en Hollande pour y rétablir l’ordre des templiers et cet équilibre universel que les siècles avaient refusé.
Alors commença pour moi, jusqu’à la fin de ce premier passage terrestre sous le nom de comte de Saint-Germain, une période d’errance ininterrompue. Je quittai, en 1762, la Hollande pour la Russie où je fus créateur occulte des Rose-Croix dans ce pays. En 1764, j’étais en Italie, à Venise exactement, au milieu de cent femmes qu’une abbesse me fournit pour mes expériences sur le lin.
En 1773, je regagnai le Tibet dont je vous reparlerai tout à l’heure, puis je revins vers l’Europe, en passant par le Liban et la Syrie. Je refaisais le périple accompli en vertu des traditions occultes, cinq siècles auparavant. En 1776, je réapparus en Europe, en France. Louis XVI avait succédé à Louis XV et je savais déjà que ce serait la fin d’une époque. Je m’étais installé à Leipzig, où l’on m’offrit une fortune en échange de mes secrets. Bien sûr, il ne m’était pas possible d’accepter pareil marché, car je savais que je devrais mourir aux yeux des hommes de ce temps. C’est ce que je fis le 27 février 1784. Mais ma tombe n’enferma jamais que du vide.
Voltaire avait dit de moi que j’étais l’homme qui sait tout et qui ne meurt jamais. Il avait raison. Six années après ma mort officielle, je réapparus. C’était en 1790. La France était en proie aux convulsions de la révolution. La Bastille était tombée. Je décidai d’intervenir auprès de la reine Marie-Antoinette. Je lui fis tenir ce billet: "Ôtez tout prétexte aux rebelles en cessant de vous associer à des gens que vous n’aimez plus. Abandonnez les polignacs et les gens de sa suite. Ils sont tous voués à la mort et destinés à tomber sous la coupe des assassins de la Bastille."
Hélas, je savais qu’elle ne m’écouterait pas. Aussi, à la même heure, Mme d’Adémar, sa confidente, recevait de moi cette missive: "Tout est perdu. Vous êtes témoin que j’ai fait tout ce que je pouvais pour donner un autre cours aux évènements. On m’a renvoyé trop tard. J’ai voulu contempler l’oeuvre préparée par ce démon de Cagliostro. C’est infernal. Je vous promets de vous rencontrer, mais ne me demandez rien. Je ne puis aider ni le roi, ni la reine, ni la famille royale."
Je quittai la France pour Vienne où les Rose-Croix avaient installé un temple dans la Landstrasse. Je me fis reconnaître par un simple tour de magie, que voici. On me donna, sur ma demande, une feuille de papier que je coupai en deux parties égales. Je disposai les deux feuilles côte à côte et je me mis à écrire avec les deux mains sur les deux feuilles à la fois. Je signai chacune de ces pages et priai des assistants de les appliquer l’une contre l’autre et de les présenter à la lumière d’une fenêtre. Par transparence, chacun pût constater que les deux écritures se recouvraient exactement sans aucune différence et semblaient sortir de la même planche à graver. Je dis alors à mes amis: "Je dois m’en aller. On a besoin de moi à Constantinople puis en Angleterre, pour préparer deux inventions qui seront largement utilisées dans le siècle qui vient: les chemins de fer et les bateaux à vapeur".
Dans un proche avenir, les saisons subiront graduellement d’importants changements. Vers la fin de ce siècle, je disparaîtrai d’Europe et me rendrai aux Himalayas. Je reviendrai dans 85 ans. Adieu mes amis.
En 1871, l’empereur Napoléon III demanda aux archives de la police de lui confier le dossier secret de ma vie. Il le déposa dans sa bibliothèque. Il voulait le consulter, l’étudier. Il n’en eut pas le temps. Un incendie aussi soudain que violent, détruisit de fond en comble le bâtiment et il dût prendre le chemin de l’exil.
1790 – 1871. À quatre ans près, j’avais envoyé de la sorte un message au monde. Seuls les gens initiés le comprirent. Je reviendrai en France; me voilà. Telle est l’histoire de mes premiers voyages dans votre pays. Encore une fois, je ne cherche pas à vous convaincre. Je dis ce qui fût, ce qui est et ce qui sera. Je suis de nouveau parmi vous. Pourquoi? Je m’en vais le confier dans ce disque grâce auquel ma voix pourra se faire entendre à des millions de personnes. Sous Louis XV, je ne pouvais en toucher que quelques centaines. Aujourd’hui, c’est à tout le monde que s’adresse mon message.
Si je le voulais, je pourrais vous dire à vous qui m’écoutez, qui vous étiez avant votre vie actuelle; c’est-à-dire avant d’être ce que vous êtes aujourd’hui. Il suffirait que je me pose la question. Mais je ne le désire pas. Comme je ne désire pas vous dire qui je suis, c’est-à-dire quelle forme j’ai présentement. Ceux qui me connaissent vous expliqueraient que je ressemble étrangement au comte de Saint-Germain de l’histoire. Ils vous diraient que je parle couramment dix sept langues et huit dialectes. Ils vous diraient que je sais faire de l’or et que je vis longtemps. C’est déjà beaucoup, ne trouvez-vous pas? Et c’est normal, puisque je suis le comte de Saint-Germain revenu parmi vous. Je peux tout de même vous donner quelques renseignements sur la forme humaine que j’ai prise dans la société policée, réglementée d’aujourd’hui. Oui j’ai un état-civil officiel. Oui, j’ai des parents devant la loi: un homme et une femme que j’aime beaucoup. Ils sont persuadés que je suis leur fils légitime, alors que je les ai mystifiés en usurpant la place de leur fils véritable, en m’incarnant à l’intérieur même de celui-ci. Oui, j’ai une adresse légale, mais je n’y habite pas. J’ai une profession, mais je ne l’exerce pas. Je possède un magasin d’antiquités quelque part à Paris, mais je n’y suis jamais. Je me suis choisi un collaborateur. Il y a vingt huit années qu’il me connaît et qu’il est à mon service. La première fois qu’il m’a vu, il y a vingt huit ans, j’étais semblable à ce que je suis maintenant. Je n’ai pas changé... je n’ai pas vieilli. Pourtant, mon état-civil légal me donne un âge: 32 ans.
J’en ai 17000. Rappelez-vous.
Comment je suis revenu parmi vous? J’ai une base en France. Elle est à Chartres. Plus exactement, elle est située sous la cathédrale de Chartres, à une centaine de mètres en-dessous, au centre même du labyrinthe. Je vous expliquerai tout à l’heure ce qu’est le labyrinthe. Il me faut d’abord vous décrire notre base. À la vérité, son entrée ne se trouve pas sous la cathédrale. Elle se situe à quatre kilomètres de la ville, en un endroit secret que je suis le seul à connaître. Je n’y ai amené un homme qu’une fois. Cet homme, dont je tairai le nom parce qu’il ne veut pas que je le prononce, est industriel dans l’électronique en Europe. Mais c’est aussi Casanova. Il ne le savait pas avant de me rencontrer et il ne me croyait pas. Je voulais le convaincre de sa réalité, alors je l’ai amené à ma base et je lui ai fait parcourir les quatre kilomètres qui séparent la cathédrale de l’entrée. Je lui ai fait vivre un spectacle qu’il n’est pas prêt d’oublier. Sous ses yeux, tout un pan de terre avec ses arbres s’est soulevé par lévitation, découvrant le souterrain qui conduit à ma base, sous la cathédrale. Le suivant, je l’ai conduit à la salle où sont rangés mes appareils. Nous sommes entrés ensemble dans l’un de ces appareils et il a revécu dans le temps toutes les périodes de sa vie. Quand il était riche, très riche... quand il était pauvre, en prison... je lui ai fait revivre en quelques instants toutes ses aventures amoureuses.
Depuis quelques jours, la base de Chartres a été transférée à l’Agartha, au Tibet.
Je vous ai promis de vous parler du labyrinthe. Il faut savoir que certaines cathédrales constituent en elles-même un message. La cathédrale de Chartres est celle qui, dans tous les textes, est reconnue par les initiés. C’est ce qui explique les pèlerinages qui convergent vers elle, même si ceux qui y participent n’en ont pas conscience. Dans toutes les cathédrales, il y a le labyrinthe. Le labyrinthe représente les méandres de l’âme et de la vie. Il ne doit pas s’interpréter en cercles mais en ligne droite. Si l’on pouvait le déplier sur une feuille et le présenter par un dessin en ligne droite, il représenterait exactement le graphique d’âme de l’onde vibratoire, anti-gravitation. Évidemment, dans les cathédrales, il n’est pas possible qu’il soit autrement qu’en cercle. Le labyrinthe de Chartres est, en plus, quelque chose de spirituel. Tout est dans tout.
Mais, me demanderez-vous, que devient l’homme? De tout temps, vous le savez, l’homme a eu plus besoin de sa force physique que de sa pensée. Il a besoin de sa force physique parce que les objets ont un poids, parce que les choses représentent une matière qui pèse. Ils ne peuvent les déplacer par la seule force de la pensée. Par la pensée, ils peuvent seulement structurer cette matière, l’inventer, la voir, la souhaiter. Dans le temps, ils parviennent à la façonner à l’image qu’ils s’en sont faite dans leur pensée. À partir de ce moment, elle pèse et ils sont obligés de se servir de la matière, de leur corps, pour la déplacer. Or, ce que le labyrinthe donne, c’est la clef de l’anti-pesanteur. Il ne la donne que lorsqu’il est déployé. Aujourd’hui encore, personne sauf les initiés peuvent l’interpréter. Si l’on pouvait mettre le labyrinthe en ligne droite, ce serait l’âge d’or.
Si vous me croisiez un jour dans la rue, vous ne me reconnaîtriez pas. Je serais pour vous un homme parmi les autres hommes. Apparemment, rien ne me différencie de vous. Et pourtant, je suis bien différent. Il en est de même pour certaines personnes que je fréquente, car il y a dans la foule anonyme une élite mystérieuse, très peu nombreuse, qui revient du passé: Louis XV, Mme de Pompadour, Mlle Ninon de Lanclôt, Casanova aussi. Avant de dire, par exemple, à Mlle de Lanclôt qui elle était, j’ai fait une projection dans l’astral de cette personne plusieurs mois à l’avance. Je l’avais rencontrée dans un ancien prieuré devenu aujourd’hui une auberge. C’est après que j’ai eu la certitude morale de son affiliation astrale avec Ninon de Lanclôt que j’ai pu lui dire cette chose déterminante pour elle, cette chose qui a modifié le cours de son existence actuelle: "Vous n’êtes pas celle que vous croyez être, mademoiselle. Vous êtes Ninon de Lanclôt." Si j’ai rencontré Mlle de Lanclôt, c’est que je devais la rencontrer, car le hasard n’existe pas. Il n’y a que des coïncidences heureuses. Il en était de même pour Mme de Pompadour, que j’ai fixée à l’âge de 24 ans et qui aura toujours l’apparence d’avoir 24 ans, comme j’ai moi-même celle d’en avoir 30.
Elle a été réintégrée par moi, grâce à mon produit, à l’état de très jolie femme qu’elle était. Car la beauté a été atteinte au XVIIIe siècle.
Mme de Pompadour rencontre actuellement Louis XV quatre fois par an dans le midi de la France où il a décidé de fixer sa résidence. Le roi n’aurait pas pu poursuivre avec nous cette aventure s’il n’avait pu revoir Mme de Pompadour. Nous l’avons rejoint l’été dernier à Edenrock où nous avons passé quatorze jours ensemble. Ce furent des vacances très XXe siècle: théâtre, bateau, automobile, night-club... rien ne nous distinguait des autres parce que rien ne devait nous distinguer d’eux. Il aime à dîner chez ses amis et il en a de nombreux sur la Côte d’Azur et dans le midi. "À chacun ses mauvais goûts!" comme disait Mlle de Lanclôt.
J’aime les femmes. Pourtant j’ai toujours eu une vie sentimentale extrêmement prudente. Parce que je ne voulais pas et ne veux toujours pas m’aliéner les difficultés qu’un sentiment fait naître. Je ne peux pas tomber dans ces pièges, parce que cela irait à contre courant de ce que je projette et de ce que je fais. Au XVIIIe siècle, mes contacts avec celles de la cour sont toujours restés cachés. Je les obligeais à garder le secret en usant de cette chose extrêmement féminine: la coquetterie. En leur donnant mon produit, ou en leur faisant croire que je le leur donnais - c’était le plus souvent de l’eau distillée - en leur procurant des fards et des onguents efficaces, je les tenais à ma merci. Je leur disais que si un jour elles parlaient à une de leurs amies de nos rapports intimes, alors l’efficacité des produits que je leur fournissais tomberait immédiatement et qu’elles ne pourraient plus garder leur jeunesse. C’est grâce à ce chantage bien innocent que j’ai toujours pu jeter un voile sur ma vie privée. Je n’ai jamais été un débauché. Mais j’ai toujours eu besoin de cet apport féminin pour vivre et pour poursuivre ma mission. Sans lui, je perdrais mon pouvoir. Aujourd’hui, je reste toujours auprès des mêmes femmes que j’ai connues dans mon passé. Le mariage m’était impossible au XVIIIe siècle. L’article quarante trois des Rose-Croix l’interdit. Aujourd’hui, comme je ne suis plus Rose-Croix, je ne suis plus astreint à cette règle.
Je veux un instant cesser de parler de moi pour répéter cette vérité que j’ai pu vérifier: la terre est creuse. l’Agartha en est la preuve, même si les humains ne sont pas encore parvenu à faire la preuve de l’Agartha. L’Agartha se trouve au Tibet, sous le Tibet, exactement sous l’Himalaya.
Pour les grands maîtres de l’Himalaya, l’Agartha représente le zéro mystique. Parmi les 22 temples figurant les 22 arcanes d’Hermès et les 22 lettres de l’alphabet sacré. Le zéro mystique, c’est l’introuvable. Le zéro, c’est-à-dire tout ou rien. L’Agartha, c’est le centre du monde souterrain. Le premier palier se trouve à 2400 mètres sous l’Himalaya. On y pénètre de la même façon que je pénètre dans ma base à Chartres. Un pan de roche lévite, se soulève, pour laisser passer les hommes ou les appareils. Ce premier palier donne accès à la ville proprement dite. C’est là que sont les appareils; c’est là aussi que sont les jardins. Il n’y a pas que des initiés à l’Agartha. Ceux qui y vivent ne peuvent pénétrer dans le monde souterrain qui est immense et qui n’a plus rien à voir avec le premier palier. Ils ne sont pas conditionnés pour subsister dans cette atmosphère. Il y règne une chaleur épouvantable. Ceux qui y vivent sont les anciens atlantes. La première salle de l’Agartha mesure 800 mètres de long sur 420 mètres de large. Elle a une hauteur de 110 mètres. Elle a la forme d’une pyramide. Les documents égyptiens parvenus jusqu’à vous n’ont jamais livré la moindre indication sur la matière dont ont été réellement construites les pyramides. Les pyramides d’Égypte sont une copie de l’Agartha. Elles ont été construites en un point donné. Elles sont en relief ce qu’est la salle en creux. Tout est dans tout. Elles ont été transportées par anti-pesanteur à l’endroit où elles se trouvent actuellement. Voilà le secret de l’origine des pyramides.
Ce bref voyage dans le temps et dans l’espace était nécessaire. Sinon pour vous convaincre, tout au moins pour que vous écoutiez la fin de mon message. Peut-être pensez-vous que je pourrais intervenir dans les affaires de l’état français, tout au moins renflouer ses finances. Je ne suis pas parmi vous pour cela. Ma mission n’est pas là. Je ne souhaite d’ailleurs pas avoir de contacts avec les hommes qui sont aujourd’hui à la tête de l’état. J’en ai eu quelques-uns en secret, mais je me suis vite aperçu qu’il ne s’agissait de leur part que d’une curiosité de salon. Il n’est pas question pour moi de renflouer les caisses de l’état. D’ailleurs, je ne le pourrais pas. Il fut un temps, au XVIIIe siècle, où je pouvais faire de grosses quantités d’or. Pour me préserver de ce genre de choses, il me faut désormais l’accord de quatre initiés de mon ordre avec lesquels, comme je vous l’ai déjà dit, je suis en contact permanent. Nous ne pouvons rien décider seuls. Je puis cependant transmuter quelques petites quantités de plomb en or. Je l’ai déjà fait avec leur accord et je le referai sans doute encore. En ce qui concerne les représentants de l’état, j’ai fait ce qu’il fallait pour que les contacts ne puissent pas se produire. Je me suis même fait jeter en prison. Au XVIIIe siècle, on m’a accusé de tout: d’avoir détourné 100,000 livres pour le comte de la Prusse, d’espionnage. Et que sais-je encore.
J’ai fait de la prison en Angleterre, j’ai été arrêté en France. Vous voyez que j’ai, si j’ose dire, l’habitude. Il y a onze années donc, je me suis fait arrêté sous un prétexte qui assurait l’impossibilité de créer de tels contacts officiels. À la vérité, la cause de cette arrestation et de la condamnation qui a suivi, c’est moi qui l’ai forgée de toutes pièces pour la raison que je viens de vous rapporter. Bien entendu, les véritables raisons resteront toujours secrètes. Mais désormais je suis libre de vous dire pourquoi je suis parmi vous. Si j’ai décidé de prêter ma voix pour l’enregistrement de ce disque, c’est qu’il me fallait d’une seule fois toucher des millions d’entre vous. Parce que les temps sont venus où le dernier signe s’accomplira.
En 1939, les chefs d’états ont été contactés, prévenus, avertis par nos soins. Ils ne nous ont pas crus. Aujourd’hui, la même opération, plus épouvantable encore, va se répéter dans un temps qui est très proche pour vous et pour moi. Le quatrième signe pour nous fut l’atome, employé par l’homme pour la première fois en 1945 à des fins destructrices: Nagasaki, Hiroshima.
Puisque nous sommes dans le temps et avec le temps, la solution qui viendra de par nous est lorsque le temps s’arrêtera et que les enfants d’aujourd’hui seront adultes. Cette mort qui vient, je ne la vois pas, je ne la connais pas. Mais si elle doit être vécue, alors je pense que cette mort nous la vivons déjà actuellement.
À ceux qui ont écouté mon message et qui m’ont reçu avec sincérité, à ceux qui m’approchent et me reçoivent, je peux dire cette chose, c’est qu’ils ne mourront pas tout à fait. L’esprit de leur matière ne sera pas perdu.
*Ils se retrouveront à l’Agartha!
**Tel est mon message.
Très attentivement, à vous tous.

Comte Saint-Germain

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